Une vie autonome dans un lieu rassurant
A l’aube de ses 90 ans, Rosette Pasche a emménagé dans un appartement adapté à Bex (VD). Son logement en résidence lui offre un cadre sécurisant tout en préservant son indépendance.
Elle relève un fuchsia en pot renversé par le vent, puis arrose minutieusement les autres plantes de son balcon, détachant ça et là quelques feuilles sèches. Œillets roses, pensées multicolores, papyrus mais aussi basilic et ciboulette: Rosette Pasche a la main verte. Il lui était essentiel d’avoir assez d’espace dans son nouveau logis pour pouvoir continuer à cultiver cette passion. Cet automne, elle fêtera ses 90 ans. Et cela fera une année qu’elle aura quitté sa grande maison située à Lavey, village voisin dans lequel elle est née et a habité toute sa vie. «Encore l’an passé, j’y labourais mon potager», se souvient-elle.
Après avoir vécu des décennies de bonheur avec son mari, Rosette Pasche est devenue veuve il y a onze ans. «Quand on se retrouve seule, c’est pas évident.» La maison et le grand verger exigeaient beaucoup de travail d’entretien – ça devenait trop pour elle au fil des ans. Voilà pourquoi elle a choisi de vivre en appartement. «J’ai pris cette décision toute seule. Ça a été un grand pas. Mais je ne regrette vraiment pas.»
Continuer certains hobbys …
Elle est ici en terrain connu puisqu’elle a toujours été reliée à Bex par ses activités professionnelles et associatives. Elle apprécie la situation de la résidence, qui lui permet d’accéder facilement à pied aux commerces, au centre du village et à la gare, tout en offrant une belle vue sur les montagnes. Elle qui adore marcher, elle trouve de nombreuses possibilités de balades dans les parages. Par exemple dans les vignes toutes proches, qu’elle montre à travers la fenêtre. «Je ne me plains pas, j’ai encore ma tête et mes jambes», lance-t-elle. Il faut dire que la Vaudoise a mené une vie très sportive, s’étant adonnée notamment à la marche, au ski et à la natation. Elle a même pratiqué la gym au-delà de ses 80 ans.
Rosette Pasche continue aussi de cuisiner elle-même ses repas. En revanche, arthrose oblige, elle ne parvient plus comme autrefois à se plonger dans mille et une activités manuelles telles que poterie, macramé, broderie ou mosaïque. De sa maison, elle a emporté ici moult trésors témoignant de sa créativité et porteurs de précieux souvenirs. Une nappe brodée de fleurs des champs, des serviettes peintes de feuilles d’arbres, un dessous de plat orné de coquillages. Et cette tapisserie trônant au mur, avec de fringuants chevaux, qu’elle a mis plusieurs années à réaliser.
… et maintenir sa vie sociale
Bien sûr, elle n’a pu emmener qu’une partie de ses anciens meubles et objets, mais elle reste philosophe. «Quand on vit dans une grande maison avec beaucoup de place, on a tendance à accumuler des choses inutiles. Avec cinq fois moins qu’avant, ça me suffit largement.» Et pour elle, le plus important est de pouvoir continuer à nourrir ses relations familiales et sociales. Voir ses neveux et nièces, visiter ses ex-voisines de Lavey, participer aux sorties de l’amicale des paysannes de la région, ou encore aller manger avec les copines de son ancien groupe de gym.
Etant très indépendante, Rosette Pasche espère pouvoir rester ici aussi longtemps que possible plutôt que d’aller dans un EMS. «A mon âge, je ne veux pas déménager 36 fois … Ici, je me sens bien et rassurée. C’est confortable, bien aménagé.» Elle souligne par exemple que la douche est spacieuse et accessible en fauteuil roulant si cela s’avérait un jour nécessaire. Pour l’heure, elle a encore de l’énergie à revendre. Quand elle n’est pas chargée, elle snobe l’ascenseur et prend l’escalier pour rejoindre son logement au deuxième étage. «Il y a 32 marches, je les ai comptées», rit-elle avec une étincelle dans ses yeux clairs.
A l’écoute du rythme de chacun
Cœur, corps, esprit: ces trois mots ornent le mur extérieur de la résidence «Les Barmottes» à Bex (VD). Ils résonnent avec la façon dont ses fondateurs conçoivent l’accueil des personnes âgées, à mobilité réduite ou en situation de handicap. La résidence est sous l’égide de l’association à but non lucratif Habitat Santé, associée à Medhol (santé intégrative), Le Soutien (soins à domicile) et Tagi-Constructions. Un deuxième site est prévu à St-Cergue cet automne, puis d’autres ailleurs en Suisse romande.
Achevé au printemps 2021, l’immeuble compte une vingtaine de logements indépendants et accessibles. Un appartement de 2½ pièces et 51 m2 se loue à 1700 francs charges comprises, et un 3½ pièces de 71 m2 à 1900 francs. Un infirmier est présent au sein du bâtiment jour et nuit. Chaque résident peut garder son médecin traitant, tout en ayant un accès facilité à des prestations de thérapies complémentaires (par exemple nutrition, hypnothérapie, massages). Les habitants organisent leur quotidien à leur manière, sans avoir une vie imposée en communauté, mais en pouvant nourrir des échanges sociaux s’ils le souhaitent.
«L’objectif est d’offrir une bonne qualité de vie pour un coût modéré», explique Jean-Luc Tuma, concepteur et cofondateur d’Habitat Santé. Riche d’une trentaine d’années d’expérience dans le domaine médical, il s’est allié à d’autres professionnels partageant sa philosophie: au lieu de placer le focus sur la maladie, viser plutôt la santé pour préserver celle-ci au maximum et d’une manière holistique. Se concentrer sur les parties fonctionnelles de l’individu, et lui permettre de développer ce qui a du sens pour lui.