Quatre communes unies pour redonner vie à la Petite Glâne
Les communes de Vully-les-Lacs (VD), Saint-Aubin (FR), Missy (VD) et Vallon (FR) se sont unies dans un ambitieux projet au service de la population et de la biodiversité: revitaliser la Petite Glâne. A travers ce projet qui s’étend sur 7 km, les communes souhaitent garantir la protection de la population et des infrastructures riveraines en les prévenant des inondations. La restauration de la biodiversité, fortement impactée par l’endiguement du cours d’eau, est une autre composante forte. Ce projet d’envergure représente un modèle de gestion durable et participative, réunissant usagers, autorités et acteurs environnementaux.
Sur les 14 000 km de cours d’eau endigués recensés en Suisse, la Confédération a fixé comme objectif d’en revitaliser le quart d’ici 2090, soit environ 50 km par année. Ces ambitions promettent la réalisation de projets d’envergure, dont la planification stratégique est à la charge des cantons et la maîtrise d’ouvrage est assurée dans 70% des cas par les communes.
Aux prémices du projet de la revitalisation de la Petite Glâne, les communes de Vully-les-Lacs, Saint-Aubin, Missy et Vallon se sont réunies au sein de l’Association intercommunale pour la revitalisation de la Petite Glâne (AIRPG) afin d’assurer la maîtrise d’ouvrage. Dans un deuxième temps, l’AIRPG a désigné le bureau CSD Ingénieurs SA à Yverdon-les-Bains pour le pilotage, l’ingénierie et la direction générale des travaux.
La revitalisation des cours d’eau constitue un véritable projet de territoire. L’objectif principal est de redonner au cours d’eau un espace suffisant à la restauration d’une dynamique naturelle et durable. En découle de multiples bénéfices, tant pour la biodiversité que pour la population, tels que:
La restauration de biotopes humides, milieux parmi les plus menacés de Suisse;
La promotion et la conservation de la faune et de la flore typiques;
La prévention contre les inondations et la protection des infrastructures riveraines;
La limitation des pertes de production agricole et de surfaces cultivées;
A terme, la minimisation des frais d’entretien;
L’offre d’espaces récréatifs de qualité à la population;
L’amélioration de la qualité du paysage;
La résilience et la capacité d’adaptation du cours d’eau face aux changements climatiques.
Didier Schouwey, vice-syndic de Saint-Aubin et président de l’AIRPG, se réjouit de l’ambition du projet qui «sécurisera de manière durable les parties exposées aux crues de la commune et offrira un lieu de promenade agréable pour la population».
La nature va reprendre ses droits
Les travaux en cours sur la Petite Glâne visent à rétablir son caractère plus naturel sur un linéaire d’environ 7 km.
D’un cours rectiligne et uniforme, la Petite Glâne se mue en une rivière au lit sinueux, aux berges à pentes adoucies et à la dynamique proche de l’état naturel. Le lit de la rivière est modelé de manière à créer des milieux variés de qualité, nécessaires à la prospérité de nombreuses espèces animales, tels que des bras morts, des gouilles, des dépressions humides, des chenaux de crue et des berges raides favorisant la nidification du martin-pêcheur.
Les plantations permettront au cours d’eau de s’insérer dans un véritable corridor végétal. Au total, près de 30 000 arbres et arbustes seront plantés, parmi lesquels des essences de grandes tailles qui permettront un ombrage important et nécessaire au vu des enjeux liés au changement climatique.
Afin de faciliter l’appropriation du projet par la population, l’installation de tables de pique-nique, de bancs et des panneaux d’informations ont été mis en place.
De nombreux défis à relever
Malgré une ambition commune, la genèse d’un tel projet se heurte logiquement à une divergence de points de vue et d’opinions, notamment au sujet des impacts sur les terres agricoles, du maintien ou de la suppression d’infrastructures, de l’emprise générale du projet ou encore de certains aspects liés au financement. Toutefois, «la bonne entente intercommunale et intercantonale a permis de rapidement réunir les quatre communes pour lancer ce projet. En unissant nos efforts, tout le monde a été gagnant et nous avons pu faire avancer le projet plus rapidement», précise Didier Schouwey.
«En unissant nos efforts, tout le monde a été gagnant et nous avons pu faire avancer le projet plus rapidement.»
Le budget de 25 millions de francs est subventionné à 95% par la Confédération et les cantons. La part restante, à charge des communes, a été financée par le travail assidu de recherches de fonds d’une association régionale (Broye Source de Vie).
Un projet dans l’air du temps
La revitalisation de la Petite Glâne a soulevé de nombreux enjeux techniques et décisionnels. Malgré les difficultés intrinsèques à un projet d’une telle envergure, l’ambition commune, motivée par l’urgence d’agir face aux défis liés au dérèglement climatique et à la perte de la biodiversité, a permis à ce projet intégré de voir le jour.
Les bénéfices de ce projet, tant pour l’Homme que pour la nature, réaffirment l’importance d’une gestion durable des ressources naturelles, marquant un pas significatif vers la préservation de notre patrimoine naturel pour les générations futures. «C’est un rêve d’enfant qui se réalise», conclut Julien Devanthéry, habitant de Missy et en charge de la direction du projet au sein du bureau d’ingénieurs CSD.
Offres de soutien d’Agenda 21 pour l’eau
Le Forum et le réseau des acteurs de la gestion des eaux en suisse soutient avec la «Plateforme Renaturation» les communes lors de revitalisations de cours d’eau. Le site internet propose entre autres un aperçu des fonds qui offrent un soutien financier, des fiches d’information sur les stratégies pour assurer la disponibilité de l’espace, un recueil de bonnes pratiques ainsi qu’un répertoire d’entreprises.