Vue sur le centre régional de tri postal de Vétroz.

Le tri centralisé des colis à Vétroz profite aux zones périphériques

09.08.2024
7-8 | 2024

Inauguré six mois après l’arrivée du Covid, le centre régional de tri postal de Vétroz (VS) s’est retrouvé en première ligne tandis que l’envoi des paquets explosait. Qu’ils partent du Valais ou du Chablais vers l’extérieur ou qu’ils soient distribués intra-muros, quelque 40 000 colis y sont gérés en moyenne par jour. Une aubaine pour les communes des vallées latérales.

Dans la plaine du Rhône, le centre de Vétroz se transforme en ruche entre 5h30 et 8h00 du matin, à l’heure où les facteurs chargent leurs colis dans les camionnettes jaunes. Direction Orsières et Verbier, le val d’Anniviers ou la Riviera vaudoise. Le long de la trentaine de quais de chargement du centre, des dizaines de fourgons se connectent alors à la grande bande roulante pour le remplissage des véhicules. «Déposés ou redistribués en Valais, ou venant d’autres centres régionaux ou nationaux de tri, tous les colis passent par Vétroz», indique Laurent Savary, porte-parole de la Poste pour la Romandie. Pour les lettres, le tri s’opère à Martigny, Sion, Sierre, Crans-Montana et Haute-Nendaz.

Travail fluctuant

Avant l’ouverture en août 2020 de ce nœud névralgique, le tri des colis s’effectuait en Valais depuis Brigue pour le Haut du canton, Sion pour le centre et Bex pour le Chablais. Mais avec le boum des envois, une centralisation s’est avérée nécessaire, a fortiori pour les zones périphériques. Un même site que celui de Vétroz a été inauguré en 2019 déjà à Cadenazzo au Tessin, puis un autre à Untervaz aux Grisons en 2020. D’une surface de 25 000 m2, celui de Vétroz a coûté 60 millions de francs. Jusqu’à 8000 colis peuvent y être traités par heure.

«Au centre de tri de Vétroz, on sait quand on commence, jamais quand on finit.»

Berthin Morisod, responsable Support au centre de tri de Vétroz

«On sait quand on commence, jamais quand on finit», décrit Berthin Morisod, responsable Support du centre valaisan. «Un facteur peut livrer un jour 260 colis, le lendemain 320, puis 170 le surlendemain.» En hiver, la neige rallonge aussi les temps de distribution. La charge est plus intense encore à la veille de Noël. Plus de 72 000 paquets traités à Vétroz le 18 décembre 2023, un record! «Les tapis roulants s’actionnent vers 14h30 avec le tri des quelque 1200 envois quotidiens pour la distribution du soir. Les premiers colis qui partent du Valais sont évacués vers 18h00», précise Laurent Savary. Ne pouvant excéder une charge de 30 kg, ils sont scannés avant de s’empiler sur la bande selon leur poids.   

Trafic stabilisé depuis le Covid   

L’ensemble du système est numérisé. L’humain n’intervient ici que si des codes-barres sont effacés ou des colis défectueux. Dans ce cas, du personnel les répare dans un espace appelé clinique des colis. Les données relatives à chaque paquet sont transmises à la bande roulante principale pour définir laquelle des glissières emprunter selon les zones à desservir. Ce codage est utile à la clientèle pour suivre l’itinéraire des paquets. «Dès 17h00, ceux-ci sont relevés dans les offices postaux et filiales de la Poste (épiceries, supermarchés, etc.)», ajoute Berthin Morisod. A Vétroz, une cinquantaine d’employés s’affairent au tri et à la manutention. Et 120 à la distribution, facteurs compris. En terres viticoles, des encaveurs font parfois ici aussi un détour pour y déposer leurs commandes de bouteilles qui prendront une voie plus sécurisée que la bande roulante. «Le nombre de colis triés s’est stabilisé depuis le Covid, mais à une hauteur bien plus élevée qu’en 2019», commente Laurent Savary. Pour faire face à l’afflux, d'autres centres de tri plus petits ont aussi été ouverts près de Bâle, Berne et Zurich. 

Offices postaux en danger  

L’annonce de la Poste de supprimer d’ici 2028 environ 170 offices préoccupe en particulier les vallées latérales du Valais. Mi-juin, le Grand Conseil a demandé au géant jaune de revoir sa position. Président de Vétroz et son buraliste durant trente ans, Olivier Cottagnoud note certes une baisse d’environ un tiers du trafic postal depuis trois ans, les lettres se faisant plus rares. «L’accès à notre office est entravé au surplus par des travaux», précise-t-il. Mais il fait remarquer qu’entre Martigny et Sion, il ne reste plus que quatre offices sur une trentaine de kilomètres. Selon lui, de nouvelles suppressions entraîneraient un déclassement des régions périphériques. «A Vétroz, les PME ont besoin d’un service postal performant et les commerçants doivent pouvoir verser leurs recettes sur leurs comptes et faire de la monnaie. Nous avons en définitive les mêmes besoins qu’en ville», rappelle-t-il. Olivier Cottagnoud a soutenu l’arrivée du centre régional de tri postal tout en soulignant que la Poste l’a installé dans sa commune parce qu’un vaste terrain y était disponible à un prix abordable. «Le nom de Vétroz est maintenant davantage connu à la ronde», conclut-il.

Postiers par filiation

«Mon arrière-arrière-arrière-grand-père était déjà buraliste postal à Vétroz en 1851», confie Olivier Cottagnoud, lui-même à la tête du bureau de poste jusqu’en 2017, avant de se voir confier la présidence de la commune.Il a consacré un ouvrage à ce pacte étalé sur cinq générations entre La Poste et les Cottagnoud : «Le service postal à Vétroz et Conthey», collection Histoire locale.

Alain Meyer
Collaborateur libre