Le futur énergétique est renouvelable
En Suisse, la durée d’un projet d’implantation d’éoliennes s’étend en général sur trois à cinq législatures. C’est durant plusieurs décennies que des miliciens et l’administration communale doivent gérer ces projets complexes.
En 2017, le Conseil fédéral approuvait la Stratégie 2050 avec trois objectifs principaux: réduire la consommation d’énergie, améliorer l’efficacité énergétique et promouvoir les énergies renouvelables indigènes. D’après Suisse Eole, l’énergie hydraulique représente, cinq ans plus tard, 56,6% contre 0,15% pour l’énergie éolienne. Il reste encore une grande marge de progression pour l’éolien, censé couvrir 7 à 10% de notre consommation d’électricité d’ici à 2050.
Plusieurs projets d’envergure ont pu se réaliser ces dernières années. On peut citer ici par exemple l’infrastructure composée de cinq éoliennes au Saint-Gothard, qui est entrée en fonction en septembre 2020 après 18 ans de travaux. L’actualité rappelle pourtant, à intervalles réguliers, les différents projets d’implantation d’infrastructures éolienne qui ont échoué. Pourtant, l’éolien est important pour le mixte énergétique suisse, particulièrement durant l’hiver où la consommation d’énergie est la plus haute et la production d’énergie hydraulique et solaire la plus basse.
Partant de ce constat, l’Administration fédérale a proposé, en février 2022, un projet de modification de la loi sur l’énergie du 30 septembre 2016 visant à accélérer les procédures de planification et d’autorisation pour les énergies hydrauliques et éoliennes les plus importantes. Si l’objectif principal du projet est largement soutenu par les acteurs concernés, la solution développée par la Confédération sans l’implication des cantons et des communes n’est néanmoins pas adaptée au but recherché.
La suppression des compétences communales pour la planification et l’autorisation pour les installations hydrauliques éoliennes les plus importantes n’est pas une solution acceptable. Cela signifierait concrètement une atteinte forte et directe à l’autonomie des communes, qui n’auraient alors plus aucune compétence en matière de planification et d’autorisation pour ces installations. L’Association des Communes Suisses (ACS) s’est opposée à ce projet aux côtés des cantons. Car, au-delà des questions de compétences, il s’agit d’une proposition contre-productive. Si l’on veut réussir à construire des infrastructures éoliennes, ces projets doivent être soutenus dès le début tant par les autorités communales que par la population touchée. La participation du niveau communal garantit durablement l’acceptation et le succès des projets sur les sites d’implantation.
Un allégement procédural nécessaire
Un constat met tout le monde d’accord: le système actuel est trop complexe, lourd et long. Les parcs éoliens s’implantent dans des communes de périphéries où siègent des miliciens qui disposent de services communaux de petite taille. C’est une pression tant sur l’administration, très souvent le secrétaire communal, ainsi que pour les membres de l’exécutif qui sont souvent sanctionnés dans les urnes.
L’acceptabilité du projet: la pierre angulaire du succès
Supprimer l’échelon communal dans l’installation d’éoliennes ne permettra pas d’augmenter l’acceptabilité du projet auprès des riverains. Cette acceptabilité est pourtant la pierre angulaire des projets éoliens. Des mesures de vent sur les sites prospectés, des gabarits pour visualiser les emplacements ou l’illustration des retombées pour les habitants en termes énergétique et économique sont autant de démarches qui permettent d’amener des arguments concrets et compréhensibles auprès des populations touchées. La transparence, le dialogue constant avec la population, notamment à travers des démarches participatives, permettent une démarche intégrative. Ces mesures permettent de disposer d’arguments au «pourquoi nous?» et de faire face aux informations mensongères qui prennent parfois le dessus sur la démarche énergétique et environnementale.
Une accélération des processus à tous les niveaux
L’accélération des processus pour éviter une charge excessive sur l’administration communale et les élus locaux est nécessaire à tous les échelons étatiques, de même que les instances judiciaires.
Certains cantons disposent déjà de procédures simplifiées, comme les cantons de Vaud et de Neuchâtel. L’extension de ces procédures aux autres cantons est une des solutions pour accélérer les processus tout en maintenant les compétences des communes. Avancer plus rapidement dans un dossier éolien permet non seulement la production d’un plus gros volume d’énergie renouvelable mais aussi d’éviter des dissentions profondes et durables dans les localités.
N’est pas expert en énergie éolienne qui veut
Les exemples ne manquent pas pour illustrer l’aspect émotionnel qui entoure les travaux liés à l’énergie éolienne. Des questions tant techniques que polémiques doivent être gérées par des miliciens. L’accès à des spécialistes et à des ressources pour obtenir facilement et gratuitement les informations nécessaires ainsi que les méthodes de communication adaptées pour répondre aux nombreuses questions et interrogations des habitants et des médias est nécessaire. Cette gestion de la technicité permet de faire face à l’émotionnel de manière adéquate.
L’augmentation de la production d’énergie éolienne n’est pas anecdotique pour les communes. Les miliciens doivent faire face à de lourdes procédures s’étalant sur plusieurs décennies. Il est maintenant nécessaire que les procédures soient allégées dans le respect des compétences communales. Un travail de fond sur cette thématique réunissant les cantons, les communes et la Confédération doit être ouvert pour trouver ensemble des solutions à la hauteur des ambitions de la Stratégie énergétique 2050.