
La Ressourcerie à Yverdon navigue entre seconde main et deuxième vie
Récupérés en bout de course par la déchèterie du Nord vaudois, des milliers d’objets hétéroclites sont remis en vente dans le magasin de deuxième main de La Ressourcerie à Yverdon-les-Bains. Sélectionnés selon divers critères puis dépoussiérés, certains subiront encore une métamorphose pour être valorisés (upcycling). D’autres, comme les appareils électriques et électroniques, doivent répondre à des normes environnementales précises avant la revente.
Des objets en bon état finissent leur existence près des bennes de la déchèterie communale dans la zone industrielle d’Yverdon-les-Bains. Là, sur le quai de déchargement, un endroit est dédié au personnel de La Ressourcerie. Ce site offre depuis 2012 des postes d'insertion à des personnes en décrochage social et professionnel. De l’étiquetage aux conseils à la clientèle jusqu’à la revalorisation d’objets dans l’atelier de menuiserie et relookage. «Ce site offre de nombreux postes variés. C’est à cet effet de cohésion sociale que les subventions du canton de Vaud sont attribuées», explique Marianne Gaillard, responsable du secteur ambulatoire à la Fondation Bartimée à Grandson, institution dont le cœur de métier est la réinsertion mais dont le recyclage est le «véhicule valorisant».
Objets doublement triés
«Nous sommes plus d’une trentaine à être impliqués dans cette activité, dont une équipe de professionnels de l’encadrement qui sont également issus du domaine de la décoration ou d’autres métiers manuels», décrit-elle. Ces objets sont ensuite triés. Certains dont l’état est piètre vont à la benne. D’autres méritent une seconde vie. Ici un grille-pain quasiment neuf. Là un lecteur DVD encore opérationnel. Ces trouvailles sont acheminées au premier étage de La Ressourcerie où un second tri est effectué. Les objets sont ensuite nettoyés avant d’aller garnir un espace de vente de 150 m2.
Si des retouches sont nécessaires, l’atelier est là pour du ponçage ou des transformations plus conséquentes. Cette plus-value a pour nom l’upcycling. D’autres critères sont également pris en compte: stockage, saisonnalité, potentiel d'écoulement et de transformation. «Notre site en ligne vise aussi à augmenter les ventes, mais surtout à pallier le manque de place. Les volumes à traiter deviennent gigantesques si on essaie de tout récupérer, d’où l’importance de soigner les opérations de tri.» Les prix sont très bas pour des objets n’ayant pas nécessité beaucoup de main d'œuvre. Ils sont un peu plus élevés pour ceux ayant fait l’objet d’une transformation ou rénovation importante.

Normes fédérales
Parmi ces objets figurent des équipements électriques et électroniques qu’il faut manier avec précaution. Ce matériel atterrit à la déchèterie lorsqu’il n’est pas rapporté dans les enseignes appropriées. En tant qu’autorité de surveillance, l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) rappelle dans un guide que des normes sont à respecter pour éliminer et valoriser les déchets spéciaux, dont ces appareils. Révisée en 2021, l’ordonnance sur la restitution, la reprise et l’élimination des appareils électriques et électroniques souligne que «les substances valorisables qu’ils renferment doivent être récupérées dans la mesure où cela est techniquement possible, écologiquement judicieux et économiquement supportable». Pour leur réutilisation, le guide ajoute que leur préparation doit se faire «en adéquation avec les principes d’une économie circulaire saine».
«Ce matériel peut être récupéré par nos soins, mais seulement s’il est en très bon état de fonctionnement.»
Comment La Ressourcerie procède-t-elle devant ces contraintes? «Depuis que le recyclage prime sur l’élimination des déchets, ce matériel peut être récupéré par nos soins, mais seulement s'il est en très bon état de fonctionnement. Si besoin, il est nettoyé, puis mis en vente. Mais nous n'avons pas le droit d’effectuer des réparations n’étant que revendeur», résume Marianne Gaillard. Elle ajoute que pour le matériel électrique, la marge de manœuvre est faible en raison des contraintes légales et contractuelles.
Chaîne de partenaires
«Pour chaque étape impliquant une modification physique des appareils, il doit exister des instructions écrites avec indications sur les sources de danger (décharge électrique, incendie, présence de composants avec polluants, etc.)», ajoute l’OFEV. L’activité de la Ressourcerie est complétée par des partenaires accrédités pour des tâches qu’elle ne serait pas en droit d’effectuer. C'est une entreprise d’upcycling d’Adliswil, dans le canton de Zurich, dont l’activité consiste à créer du nouveau à partir d’appareils électroniques inutilisés ou anciens, qui se charge de ce volet. «Y-Tronic se trouve sur le site de la déchèterie et utilise plusieurs surfaces pour le stockage, le tri et l’élimination. Il y a là un espace de collecte spécifique à côté de celui de La Ressourcerie. Le personnel de la déchèterie se charge de la bonne destination», conclut Marianne Gaillard.
Prudence avec le lithium
Peu visibles de l’extérieur, les piles au lithium qui actionnent nos appareils (smartphones notamment) peuvent, sans précaution, constituer un danger. A fortiori quand ces derniers sont mis au rebut. Dans son guide, l’OFEV répète que pour éliminer les déchets d’équipements électriques et électroniques, il faut éviter de les exposer à la chaleur, à l’eau ou leur faire subir un poids. Ce à quoi La Ressourcerie s’emploie.
