D’un canton à l’autre, Clavaleyres la fribourgeoise
Depuis le 1er janvier 2022, la commune bernoise de Clavaleyres a fusionné avec sa grande voisine Morat. Il aura fallu près de 15 années pour que le changement territorial s’opère. Du côté de l’ancien syndic et des habitants, c’est le soulagement.
Le ciel est gris au-dessus de Clavaleyres, qui semble déserte ce jour-là. Un chat s’approche furtivement de la fontaine située au cœur du village avant de disparaître dans la grange voisine. Difficile de trouver un habitant par ce froid glacial lorsque soudain, Stefan Herren surgit d’une étable, une boille à la main. L’homme reste circonspect lorsqu’on s’approche de lui. Depuis des mois, les journalistes ne cessent d’arpenter la commune bernoise, qui a fusionné avec Morat le 1er janvier 2022. «C’était parfois un peu trop de va-et-vient, glisse-t-il timidement. Je suis soulagé que Clavaleyres fasse désormais partie de Morat et qu’on puisse retrouver un peu de tranquillité.» Durant 18 ans, le paysan a été actif au sein de l’assemblée communale. Un engagement dont il est soulagé de se défaire. «A chaque fois, il fallait trouver des gens motivés, mais notre village compte plus de vaches que d’habitants», sourit-il.
Plus logique pour la jeune génération
Plus loin, le jeune Manuel Keller est lui aussi soulagé pour l’avenir du village. Le jeune agriculteur qui prévoit de travailler quelques années au Canada l’avoue sans gêne: il se sentait depuis longtemps fribourgeois dans l’âme. «Gamin, il me fallait dix minutes à vélo pour aller jusqu’à Morat. J’ai suivi ma formation d’agriculteur à Grangeneuve et passé mon permis de conduire à Fribourg, confie-t-il. Pour moi, il n’y a que des avantages à intégrer la commune de Morat.» Toutefois, il reconnaît que pour l’ancienne génération, cela n’a pas été chose facile à accepter. «Ma grand-mère est née à Berne, elle s’est toujours sentie bernoise et cette fusion l’attriste. Tandis que pour la jeune génération, c’est un choix logique.»
Difficile à trouver de nouveau miliciens parmi 51 habitants
Grâce à cette ancienne enclave bernoise, le canton de Fribourg s’agrandit de 1 kilomètre carré. Depuis 1807, les frontières cantonales n’avaient pas bougé. Pour l’ancien syndic Jürg Truog, il s’agissait avant tout d’assurer l’avenir de Clavaleyres. Depuis quelques années, l’édile s’épuisait à chercher des personnes motivées pour intégrer l’assemblée générale. «A chaque fois, c’était compliqué car les personnes s’étaient déjà engagées à de multiples reprises pour la commune. Nous étions déjà liés avec Morat pour les écoles, les affaires sociales et les pompiers.» Face à ce constat, l’homme a pris son bâton de pèlerin pour encourager les habitants à voter en faveur de la fusion. Un processus qui aura duré près de 15 ans. Selon l’édile, Clavaleyres ne représentait pas un enjeu majeur pour le canton de Berne, puisque le village compte seulement 51 habitants. L’expérience de Morat en matière de fusions a également penché dans la balance.
Rassurés sur l’avenir de leur village, les habitants de Clavaleyres peuvent désormais écrire un nouveau chapitre de leur histoire. Deux conseillers communaux devront encore être élus pour intégrer l’assemblée communale de Morat.