Des solutions énergétiques pour les villages de montagne
En matière énergétique, la situation des villages de montagne est complexe. Depuis plus d’une décennie, la commune d’Anniviers explore plusieurs pistes. Avec ses 5000 hectares de forêt, elle valorise notamment son bois qui sert à chauffer les logements de la vallée.
Depuis plus de dix ans, la commune d’Anniviers cherche des solutions pour développer la construction de nouvelles infrastructures et maintenir l’emploi dans les villages de la vallée. En 2014, un premier rapport sur le chauffage à distance à bois a démontré que cette méthode n'était pas viable. Cette impossibilité était due à la faible densité des consommateurs de chaleur de nos villages et par les fameux chauffages électriques directs préconisés dans les constructions des années 1980.
Cependant, la situation des villages de montagne est bien complexe, car peu de solutions d’énergies renouvelables existent. Si les panneaux solaires sont loués en plaine, l’enneigement des toits pendant l’hiver diminue fortement la production dans les montagnes. De nombreux projets de géothermie voient le jour en Suisse, mais en montagne cette solution est difficilement réalisable. La structure des sols est loin d’être optimale.
L’expansion des réseaux de chaleur est une des solutions phares des Perspectives Energétiques 2050+ de la Confédération. Comme ce rapport le souligne, «d’un point de vue purement technique, (presque) tous les bâtiments peuvent être raccordés à un réseau de chaleur». Néanmoins, la vision est essentiellement urbaine et les régions de montagne sont peu prises en considération. Le «presque» vise clairement une commune comme celle d’Anniviers. Les réseaux de chaleur haute température qui progressent dans les villes sont efficients à condition que la zone touchée soit dense en consommateurs et que le dénivelé soit faible. De plus, la distance entre la source initiale de chaleur et les consommateurs les plus éloignés doit être prévue dès le début, ce qui rend les extensions difficiles par la suite si l’on souhaite rester 100% renouvelable. Un benchmark des chauffages à distance effectué par la HES-SO Valais-Wallis avait démontré que de nombreux chauffages à distance avaient une part d’énergie renouvelable inférieure à 50%.
Et les réseaux à très basse température?
En 2019, Zinal accueillait une nouvelle résidence hôtelière de six bâtiments. Dans une philosophie de durabilité et d’économie locale, les 101 appartements sont remplis tant en hiver qu’en été afin de valoriser le savoir-faire de la région. Cette construction, parfaitement intégrée dans le paysage montagnard, est entièrement chauffée par de l’énergie 100% renouvelable grâce à une solution énergétique innovante.
Ce réseau – un monotube à très basse température sans sondes géothermiques – assemble différentes sources d’énergie et permet ainsi de passer outre toutes les contraintes précédemment citées. Il répond au défi de l’énergie renouvelable en montagne. Au-delà de l’aspect technique, assuré par la société STEEN Sustainable Energy (lire encadré) qui développe ces réseaux, c’est une vision d’une transition énergétique partagée entre la Commune d’Anniviers et des acteurs privés qui permet dorénavant d’étendre ce réseau au village de Zinal.
Ainsi, lors de la révision de la route principale du village, l’ouverture a permis d’installer directement le monotube. Autre exemple, la chaleur émise par la télécabine est valorisée et permet de chauffer les bâtiments, chalets et infrastructures raccordés.
Cette solution apporte une réelle alternative aux propriétaires qui devront prochainement remplacer leur production de chaleur qui fonctionne généralement au mazout. Ainsi, 147'000 litres de mazout seront économisés chaque année. Ce qui représente une diminution de 455 tonnes de CO2 par an.
Les bâtiments typiques qui sont parfois inventoriés pour leur architecture représentent un défi. De par leur ancienneté, ils constituent des gouffres énergétiques et les travaux d’isolation sont souvent bien complexes. En s’intéressant à la racine du problème, soit la production initiale d’une énergie décarbonée, et non plus à la finalité, la consommation, ces bâtisses peuvent être chauffées de manière durable sans mettre en péril le patrimoine.
Valoriser l’économie locale et circulaire
Consommer local, c’est choisir la qualité, favoriser les emplois dans nos régions et être écologiquement responsable. L’exemple de cette réalisation énergétique et de ce qui l’entoure est l’application de la vision des communes pour l’économie.
Lors des premiers contacts, l’entreprise STEEN Sustainable Energy* a étudié quelles étaient les sources d’énergie à valoriser sur le territoire communal ou à proximité. Le val d'Anniviers possède 5000 hectares de forêt et son accroissement couvre largement les besoins de chauffage des logements de la vallée. Une des sources d’énergie est ainsi une installation de couplage chaleur/force qui gazéifie des plaquettes forestières sans émettre de microparticules. Chaleur et électricité sont produites grâce à cette installation. Cette valorisation du bois local permet de développer les activités du triage forestier d’Anniviers et crée des postes de travail à l’année.
Les réalisations de ce type permettent de dire qu’il vaut mieux chercher à motiver plutôt qu’à imposer des mesures. On peut comprendre la réticence de certains à s’opposer à des mesures qui ne prennent pas en considération la réalité de leur région. Néanmoins, le développement de modèles circulaires qui renforcent l’économie locale ne peut être que bien accueilli et participe à la lutte contre le réchauffement climatique et à la transition énergétique suisse.
* L’entreprise STEEN Sustainable Energy a développé une solution énergétique sur la base du principe de l’anergie. Sa mission est d’apporter une solution renouvelable aux communes et aux différents acteurs du monde de l’immobilier qui souhaitent devenir artisans de la transition énergétique.
Avec un système modulable aux besoins locaux et aux infrastructures existantes, les réseaux de chaleur développés peuvent soit être entièrement neufs ou étendre un réseau existant. Ainsi, tant le bâti existant que des nouveaux logements peuvent être raccordés et diminuer leur impact carbone.
Sa solution s’inscrit entièrement dans les Perspectives Energétiques 2050+ de la Confédération et dans les différents plans climat des cantons.