Poteau de signalisation près de Steinbach (Schwyz) après un orage.

Climat: préparer son tourisme dans les communes de montagne

17.12.2024
12 | 2024

Les changements climatiques affectent profondément les régions de montagne et les activités qui peuvent y être envisagées. Le tourisme est particulièrement touché, notamment parce que ses infrastructures subissent des dommages croissants. Toutefois, lorsque les acteurs se rassemblent autour de projets concrets tels que «Randonner serein en 2040», ils peuvent anticiper ces changements et proposer des alternatives plus durables pour maintenir un secteur touristique dynamique et pérenne en montagne.

Les îlots de chaleur urbains ou les inondations soudaines ne sont pas les seules conséquences du changement climatique. Les communes de montagne le savent bien. En effet, l’élévation de la limite des chutes de neige, l’accroissement de la sécheresse estivale, la fragilisation des pentes et la recrudescence des mouvements de terrain mais aussi la modification des milieux naturels et des paysages constituent des défis de plus en plus importants pour ces communes. De nombreux secteurs peuvent en pâtir, comme l’agriculture lorsque les sécheresses imposent de transporter l’eau par hélicoptère dans les alpages, ou les infrastructures, qui souffrent d’éboulements plus fréquents.

Dans ce contexte, le secteur du tourisme représente un enjeu majeur pour les communes de montagne. Or, les changements climatiques transforment les pratiques touristiques et les infrastructures dédiées. Les sentiers pédestres, en particulier, se retrouvent fortement sous pression.

De nouvelles démarches

Des approches permettent aux communes et aux professionnels de la randonnée de s’adapter et de faire face à ces nouveaux défis. C’est ce qu’a abordé un projet conjoint de Suisse Rando, Schwyzer Wanderwege et l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) en 2022 dans le cadre du Programme pilote d’adaptation aux changements climatiques avec le soutien de l’Office fédéral de l’environnement.

Qu’en est-il? La multiplication des événements naturels comme les chutes de pierres ou les fortes précipitations endommagent les sentiers pédestres. De plus, l’allongement de la période estivale a pour corollaire l’augmentation du nombre de randonneurs et de vélos tout-terrain, ce qui entraîne des conflits d’usages et de lourdes conséquences pour les chemins de randonnée pédestre.

Des solutions sont requises

Afin de garantir l’offre et la sécurité du réseau, les responsables de ce projet pilote ont proposé de sensibiliser les acteurs concernés et de leur fournir les outils adéquats pour la planification et l’entretien des chemins pédestres.

Les experts ont donc analysé les effets du changement climatique sur les activités de randonnée et le réseau de sentiers pédestres des Alpes et des Préalpes. Ils ont ainsi identifié les dangers naturels pertinents et ont répertorié les types de comportement des randonneurs. Les informations recueillies dans les trois régions pilotes du Rigi (SZ/LU), de St. Niklaus (VS) et du canton des Grisons ont en outre permis d’intégrer dans le projet global des spécificités topographiques, climatiques et cantonales.

A l’issue de ces travaux, les experts ont dégagé un certain nombre de recommandations pour la planification, la construction et l’entretien des chemins de randonnée pédestre. Ils ont réuni leurs conclusions dans une grille de résultats qui servira d’outil de travail aux responsables. Ces derniers pourront ainsi adapter au mieux leur infrastructure et leur offre aux effets du changement climatique et préserver l’attrait et la sécurité de ces dernières pour les usagers.

Le tourisme fribourgeois s’adapte

Aujourd’hui, les résultats de ce projet diffusent et s’ajoutent aux nombreuses expériences locales. Les solutions proposées s’appuient, comme toujours dans le domaine de l’adaptation, sur les synergies entre les secteurs. L’Etat de Fribourg, par exemple, présente, dans son Plan Climat cantonal, une mesure de soutien au tourisme local et aux produits du terroir, associant tourisme, entreprises et communes. Il y promeut la mobilité douce et les loisirs de proximité durables afin de diversifier les types de tourisme. Dans le même temps, les communes assurent l’entretien et l’aménagement approprié des sentiers pour garantir la sécurité et la cohabitation équilibrée des usagers. Le but est donc de repenser les pratiques de façon à anticiper les usages futurs, diminuer les risques et déployer des alternatives. Ainsi se développe une combinaison optimale entre offres et infrastructures touristiques pour aboutir à des pratiques plus durables.

Le climat a donc un impact fort sur les activités touristiques, pourtant essentielles aux régions de montagne. Le défi semble de taille mais grâce à la collaboration de tous les acteurs, les territoires peuvent mettre en place des structures résilientes et plus durables permettant d’assurer la pérennité du secteur.

Renforcement de l’adaptation aux changements climatiques

La loi sur le CO2 révisée permet dorénavant à la Confédération de soutenir financièrement des mesures prises par les cantons, les communes et les entreprises dans le cadre de la protection des dommages dus aux conséquences des changements climatiques. Cet encouragement devrait entrer en vigueur début mai 2025.

Guirec Gicquel
Collaborateur scientifique
Office fédéral de l’environnement